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Attaques de prisons: des suspects aux profils divers, mais pas de réseau structuré
information fournie par AFP 03/05/2025 à 15:32

Laure Beccuau le 3 mai 2025, à Paris ( AFP / Ian LANGSDON )

Laure Beccuau le 3 mai 2025, à Paris ( AFP / Ian LANGSDON )

Instigateur, relais, recruteurs, exécutants: 21 suspects âgés de 15 à 37 ans, sans antécédent judiciaire ou inscrits dans la criminalité organisée, ont été mis en examen dans l'enquête sur les attaques "d'une violence extrême" contre des prisons et des agents pénitentiaires.

Les 19 adultes ont été incarcérés, les deux mineurs placés en centre éducatif fermé, a indiqué lors d'une conférence de presse samedi la procureure de Paris Laure Beccuau.

Entre le 13 et le 21 avril, l'administration pénitentiaire "ainsi que ses agents ont été les cibles d'une violence extrême, décomplexée, préméditée, les atteignant, tant dans leur exercice professionnel, qu'au cœur de leur vie privée", a-t-elle détaillé.

Le 13 avril, à Agen, est apparu pour la première fois le tag "DDPF" près de sept voitures incendiées sur le parking de l'Ecole nationale de l'administration pénitentiaire (Enap).

Ce sigle "DDPF" a constitué "en quelque sorte un mot d'ordre, une sorte d'étendard criminel derrière lequel se sont agrégés des malfaiteurs", a souligné Mme Beccuau. Et "à ce stade, aucune organisation structurée de longue date ne semble correspondre à ce sigle imaginé pour les besoins de la cause".

Ont suivi incendies de voitures de personnels pénitentiaires, tirs de mortiers d'artifices contre des prisons, voire des tirs de Kalachnikov, et jets de cocktails Molotov dans un lotissement où résident des surveillants le 21 avril.

Au fil des investigations, menées initialement par le parquet national antiterroriste (Pnat) avec l'appui de la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco), s'est imposée "l'empreinte de la criminalité organisée", a-t-elle poursuivi.

L'enquête a abouti à l'identification de "certains acteurs déjà connus de la grande criminalité organisée qui se caractérise notamment par ses actions de déstabilisation" de "celles et ceux qui se consacrent à entraver son action", a résumé la procureure.

La prison de Réau, au sud-ouest de Paris, le 16 avril 2025, une des cibles d'une vague d'attaques coordonnées contre des prisons à travers la France ( AFP / Thomas SAMSON )

La prison de Réau, au sud-ouest de Paris, le 16 avril 2025, une des cibles d'une vague d'attaques coordonnées contre des prisons à travers la France ( AFP / Thomas SAMSON )

Les ministres de l'Intérieur Bruno Retailleau et de la Justice Gérald Darmanin ont vu dans ces attaques une dénonciation de la loi contre le narcotrafic qui vient d'être adoptée au Parlement. Ce texte prévoit la création de quartiers de haute sécurité dans les prisons pour les trafiquants les plus dangereux.

L'information judiciaire ouverte par la Junalco notamment pour tentative de meurtre en bande organisée -ce qui fait encourir la réclusion criminelle à perpétuité- et association de malfaiteurs criminelle, porte sur une quinzaine d'actions.

- "Vidéos virales" -

Pour identifier le réseau (un instigateur, des donneurs d'ordre, des recruteurs et des exécutants) 96 techniques spéciales d'enquête ont été utilisées.

Philippe Chadrys, directeur national adjoint de la police judiciaire, le 3 mai 2025, à Paris ( AFP / Ian LANGSDON )

Philippe Chadrys, directeur national adjoint de la police judiciaire, le 3 mai 2025, à Paris ( AFP / Ian LANGSDON )

Entre lundi et mercredi, les 21 suspects ont été interpellés en divers lieux de France, notamment à Paris, Lyon et Marseille, mobilisant "320 policiers", a précisé Philippe Chadrys, directeur national adjoint de la police judiciaire.

Leurs profils, origines géographiques et parcours judiciaires sont "très différents": "Certains étaient totalement inconnus (de la justice, NDLR), alors que d'autres peuvent être considérés comme faisant partie de ce qu'on appelle la criminalité organisée du haut du spectre", a relaté la procureure.

Des impacts de balles et les lettres "DDFM" peintes à la bombe sur une porte de la prison de Toulon-La Farlede, près de Toulon, après une attaque à l'arme d'assaut de type Kalachnikov, le 15 avril 2025 dans le Var ( AFP / Miguel MEDINA )

Des impacts de balles et les lettres "DDFM" peintes à la bombe sur une porte de la prison de Toulon-La Farlede, près de Toulon, après une attaque à l'arme d'assaut de type Kalachnikov, le 15 avril 2025 dans le Var ( AFP / Miguel MEDINA )

En garde à vue, certains ont contesté "l'intégralité des infractions qui leur sont imputées, d'autres ont reconnu plus ou moins spontanément leur implication (...) dans des versions souvent assez édulcorées (...) par la crainte de représailles", a noté Laure Beccuau.

Selon la procureure, cette affaire "révèle l'évolution de la criminalité organisée, qui associe les profils de haut et de bas du spectre".

L'instigateur de la boucle Telegram intitulée DDPF a revendiqué des liens avec les narcotrafiquants de la DZ Mafia. En détention, cet homme de 23 ans sera jugé prochainement pour des faits en lien avec le narcobanditisme marseillais.

Son message de revendication sur un canal de la messagerie cryptée Telegram, qui a depuis été fermé, a été relayé par quatre donneurs d'ordre, trois hommes en détention et une femme, très présente sur les réseaux sociaux.

Le logo de la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) le 3 mai 2025, à Paris ( AFP / Ian LANGSDON )

Le logo de la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) le 3 mai 2025, à Paris ( AFP / Ian LANGSDON )

Ont ensuite été recrutés des exécutants, dont deux mineurs, habitants près des lieux des attaques, chargés d'incendier des voitures, de taguer le sigle DDPF, de faire usage d'armes à feu ou de mortiers d'artifices contre des sommes allant de 500 à 7.000 euros.

Pour Philippe Chadrys, cette affaire a mis en lumière "une stratégie de recrutement et de communication à la fois des instigateurs et des commanditaires" sur des messageries chiffrées avec "une médiatisation des attaques sur les réseaux sociaux aux fins de propagande".

Les vidéos "courtes", "assez bien faites", sont devenues "très vite virales" avec une "volonté d'avoir un impact psychologique sur les agents et leurs familles notamment".

1 commentaire

  • 03 mai 14:12

    Il était21 jeunes gens qui sans se concerter la même semaine avec les mêmes armes se sont dit et si on allait mitrailler des prisons pour nous détendre, certainement il ne peut évidemment pas s’agir de quelconque organisation. Simplement c’est le hasard ……..et Blanche-Neige etc. on connaît la suite de l’histoire. Bravo la justice


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